Là où tout a commencé…
Je suis née à Lomé, mais mon histoire commence plus loin, à Solla.
J’ai été introduite au karité dès mes premiers souffles — premier bain, premier massage, première bénédiction. Ma mère transitait déjà le beurre de karité de Solla vers Lomé, la capitale.
Mais, c’est à 11 ans, lors de mon premier voyage à Solla, que j’ai vu naître le beurre de mes propres yeux.
Je me souviens encore de cette scène envoûtante : les noix grillant au feu de bois, les mains plongées dans la pâte chaude, la concentration de bien faire.
C’est plus qu’un savoir-faire.
C’est une mémoire cellulaire, transgénérationnelle.
Il ne s’agit pas ici de “faire du beurre de karité”.
Il s’agit de révéler une matière vivante, une force réparatrice, une énergie enracinée.
Chez Toke-n’sa, chaque pot de karité est un rituel de soin, une offrande, une œuvre de transmission féminine.
Nous ne brassons pas une matière grasse.
Nous façonnons un beurre sacré, recueilli dans les mains des femmes de Solla, battu au rythme des chants et pilons, infusé de patience, de respect et d’intuition.
Le processus — ou plutôt : le rituel
1. La cueillette intuitive
Le fruit du karité n’est pas cueilli. Il est attendu. On ramasse ce qui tombe de lui-même, mûr, prêt, béni par le cycle naturel.
Chaque fruit tombé est une permission.
2. Le séchage
Les fruits sont nettoyés, lavés, séchés, concassés, puis étalés. Le soleil du Nord Togo s’occupe du reste.
Le temps fait son œuvre. Rien n’est précipité.
3. Le tri sacré
Chaque amande est observée, touchée, ressentie. Les meilleures sont gardées. Les autres, remerciées et écartées.
Ce geste signe déjà notre engagement pour la qualité du beurre.
4. Concassage & torréfaction douce
Les amandes séchées sont pilées et grillées sur feu de bois, à la main. Ni trop, ni trop peu. Il faut l’œil, et le nez.
Ici, la technologie s’efface devant l’instinct et le savoir-faire.
5. Le broyage
Une pâte dense, chaude, prend forme.
Elle sent l'amande, la terre, le feu. Elle est matière première sacrée.
6. Emulsion & barattage
La pâte est barattée à la main, dans des cuvettes ouvertes. On ajoute un peu d’eau tiède Ou froide. On mélange, on cause. On chante parfois. Et puis, doucement… le beurre remonte à la surface. Il naît.
Ce moment est un miracle doux. Une naissance agréable à regarder.
7. Cuisson, filtrage et purification
La mousse est placée sur feux doux. On attend. On surveille. On y ajoute des racines traditionnelles anti-inflammatoires, une spécialité du beurre de karité Jaune de Tokè-n'sa. On laisse mijoter.
Sans solvants. Sans chimie. Rien d’agressif.
Juste le feu, et la vigilance.
8. Brassage & repos
On laisse le beurre se poser, s’épaissir, devenir lui-même.
Il respire. Il se stabilise. Il est prêt.
Et c’est à ce moment-là seulement qu’il est mis à l’abri, comme un trésor
L'art de faire du karité en vidéo
Quand vous ouvrez un soin Toke-n’sa, vous ne touchez pas un simple produit.
Vous touchez :
Le temps et le savoir faire des femmes
La mémoire du feu
Le chant des mains
La terre qui sait, et qui donne
Toke-n’sa, c’est :
- Un beurre brut à haute fréquence vibratoire
- Une transmission artisanale vivante et éthique
- Un soin sacré, pas un cosmétique de masse
- Une déclaration d’amour à l’Afrique invisible et profonde
Pourquoi je fais tout ça ?
Parce qu’on brade souvent ce beurre qu’on vénère.
Parce qu’on oublie trop vite le labeur des femmes derrière.
Parce qu’il est temps d’honorer ce que nos mères nous ont laissé.
C’est un devoir pour moi de montrer, de raconter, d’incarner.
Et d’offrir au monde un karité vivant, réparateur, sublime, et juste.
“Notre karité ne sort pas d’une machine. Il sort d’un ventre. Celui de la terre. Celui des femmes.”
— Madame Ekoima